Les dernières révélations de Football Leaks soulignent une obsession commune à tous les grands clubs européens, celle de trouver la perle rare, la plus jeune possible : l’enfant prodige. Former un joueur ou le découvrir très jeune coûte évidemment moins cher que de l’acheter. C’est aussi un moyen de faire la promotion de son centre de formation, de ses recruteurs et donc plus globalement de son institution. C’est aussi la quasi garantie d’un futur juteux transfert. Les clubs sont donc toujours à la recherche de cette perle rare, au point de faire beaucoup de casse dans les carrières de jeunes joueurs à qui l’on promet beaucoup et qui au final ne se retrouvent avec rien. La perle rare, la pépite, l’enfant prodige, il n’y en a rarement plus d’un par génération et le talent ne suffit pas, il faut d’autres armes et c’est l’histoire que nous allons vous raconter aujourd’hui.
C’est le 17 juillet 1994, les images font le tour du monde. Roberto Baggio vient de rater son pénalty et les Brésiliens explosent de joie. Parmi eux, un garçon frêle aux traits d’adolescents. Il porte le numéro 20 et n’a pas joué une minute du tournoi. Pourtant d’après la règle de la FIFA, il est officiellement champion du monde. Il affiche un large sourire qui laisse apparaitre un appareil dentaire. Il est encore inconnu en Europe mais au Brésil c’est déjà une star, il s’appelle Ronaldo Luis Nazário de Lima, dit Ronaldo. Il n’a alors que 17 ans mais sort pourtant d’une saison et demie exceptionnelle avec son club de Cruzeiro : 44 buts marqués en 47 matchs, des statistiques qui sont arrivées aux oreilles des grands clubs européens. Ils sont plusieurs sur les rangs notamment les mastodontes italiens, Juventus et Milan AC. Sa présence dans les 22 champions du monde brésiliens, même sans temps de jeu, fait grimper sa côte et nul doute qu’il devrait arriver très vite en Europe. Ronaldo va effectivement, dans les semaines qui suivent, rejoindre le vieux continent. Il pose alors ses valises aux Pays-Bas et plus précisément à Eindhoven. Si cela peut surprendre aujourd’hui, ce choix est le fruit d’une mûre réflexion qui révèle que tout le monde avait parfaitement compris la dimension que pourrait prendre le joueur : son entourage, les recruteurs et le PSV Eindhoven. Ronaldo était un enfant prodige.

Peu importe le domaine, la figure de l’enfant prodige a toujours fasciné. Qui n’a jamais entendu qu’à 6 ans, Mozart jouait déjà devant toutes les cours d’Europe et qu’à 11 ans il composait son premier opéra ? Mozart et Ronaldo ont un point commun, mis à part leur précocité dans leurs domaines de prédilection, ils sont surtout accompagnés de personnes qui ont très vite compris le potentiel à en tirer. L’enfant prodige fascine car sa jeunesse permet l’idée de repousser toutes les frontières, mais pourtant cette volonté de faire de l’enfant prodige un génie sans limite, conduit souvent à tous les excès. Pour exemple, la première saison de Ronaldo au PSV Eindhoven, une année exceptionnelle sur le plan sportif mais qui pourrait bien être à l’origine des déboires qui le suivront durant la suite de sa carrière.
La stratégie mercato du PSV Eindhoven dans l’ère pré-Bosman
L’ère pré arrêt-Bosman était un tout autre monde. Le nombre de joueurs étrangers étant réduit à 3 par équipe sur la feuille de match, au sein des grands clubs européens ces joueurs étaient généralement des stars. On peut penser au Milan AC et sa fameuse triplette hollandaise Van Basten-Gullit-Rijkaard. Certains clubs faisaient eux le choix de dépasser ce nombre ce qui posait problème au moment d’aligner un onze de départ. On pense au cas du Barça lors de la finale de l’édition 1993/1994 de la Ligue des Champions. Cruijff alignant Koeman, Stoitchkov et Romario, Laudrup s’est retrouvé hors du groupe. Chaque club possédait sa stratégie concernant le nombre de joueurs étrangers. L’Ajax d’Amsterdam jouait par exemple la carte de la formation à outrance, ce qui est dans son ADN. Les joueurs étrangers venaient alors pallier des secteurs que le staff ne trouvait pas au sein des équipes de jeunes. Le PSV Eindhoven faisait lui le choix depuis le début des années 90, de miser sur de très jeunes talents étrangers et d’en faire des stars. C’est ainsi que débarque en 1988, au lendemain du succès en Ligue des Champions, un tout jeune brésilien qui a brillé lors des Jeux Olympiques de Séoul : Romario.

Romario tape dans l’œil de Piet de Visser, un recruteur qui jouera un rôle capital dans l’histoire du club hollandais. Si Romario intéresse plusieurs clubs européens, le PSV possède un argument imbattable : la place accordée aux étrangers. Romario ne trouvera pas à ses côtés de stars étrangères écrasantes qui le pousseront hors de la feuille de match. On lui donnera le temps de jeu nécessaire pour s’épanouir, la possibilité de devenir la star et la promesse de le laisser partir dans un grand club quand le moment sera venu. En tant que jeune brésilien prometteur il ne peut rêver mieux. Cinq saisons plus tard, Romario a joué 142 matchs, inscrit 127 buts et s’envole pour Barcelone, l’une des meilleures équipes du continent. À Eindhoven, Romario remporte 3 championnats, 2 coupes nationales et 2 Supercoupes des Pays-Bas et laisse ainsi une trace indélébile dans l’histoire du club. Son départ en 1993 est un coup dur sportivement pour le club. La saison suivante le PSV finit 3e, à 10 points de l’Ajax qui décroche le titre, dans un championnat où la victoire rapportait deux points… Le PSV veut renouer avec le succès. Pour cela, l’état-major du club décide d’appliquer la même tactique : trouver un jeune joueur qui va pouvoir s’épanouir et porter l’équipe. Ils cherchent un profil assez jeune pour refroidir les grosses écuries européennes. Mais il faut surtout que le joueur soit talentueux, très talentueux afin de pouvoir porter l’équipe dès ses premiers matchs. On cherche donc un profil très rare, un enfant prodige, mais cela tombe bien Piet de Visser a observé il y a quelques années un garçon qui pourrait correspondre.

L’enfant prodige, un produit déjà marketé
Les découvertes de jeunes prodiges sont toujours accompagnées de légendes et celle de Ronaldo ne déroge pas à la règle. Piet de Visser explique qu’à l’époque il rencontrait des problèmes cardiaques. Il décide alors de partir se reposer en France pour récupérer. Non loin de son lieu de vacances, se déroule le tournoi de Lanvollon (Merci au lecteur @EddWarner pour la précision du lieu), tout près de Saint Brieuc, un tournoi de jeunes réputé. Amoureux du ballon rond, le néerlandais décide de s’y rendre et là pour la première fois il voit évolué le jeune brésilien. De Visser n’en croit alors pas ses yeux et il expliquera quelques années plus tard : « En le voyant évoluer sur le terrain, j’ai compris qu’une nouvelle vie s’ouvrait à moi ». Quand le PSV lui dit chercher le profil d’un jeune prêt à exploser en Europe, c’est tout logiquement qu’il glisse le nom de Ronaldo. Voici pour la légende de la découverte de l’enfant prodige. S’il est attesté que de Visser a bien vu jouer Ronaldo à Lanvollon, il faut comprendre que derrière Ronaldo se cachait déjà un entourage prêt à tout pour en faire une star. Ronaldo ne vient pas de nulle part, on le préparait à devenir un produit marketing. Derrière ce projet, deux hommes qui seront indissociables de la carrière du Fenomeno, aussi bien dans la gloire que dans la chute : Alexandre Martins et Reinaldo Pitta.

Ronaldo a 16 ans lorsqu’il joue pour Sao Cristóvão, un club de seconde zone. Plus jeune, il jouait au Futsal et écrasait tout sur son passage. Comme c’est l’usage au Brésil, ce n’est qu’autour de 14-15 ans que Ronaldo commence à jouer en extérieur. Sans surprise, il est au-dessus du lot et plante une quarantaine de buts pour sa première saison outdoor. Tout le monde comprend très vite que ce garçon est spécial, tout le monde et plus particulièrement sa famille. Ronaldo est une potentielle mine d’or et une mine d’or ça s’exploite. Ses parents vont alors s’associer à deux hommes d’affaires, Alexandre Martins et Reinaldo Pitta qui vont prendre en charge sa carrière mais surtout ses contrats. Les agents s’arrangent pour placer Ronaldo au bon endroit au bon moment. Le jeune doit lui empiler les buts pendant que son entourage touchera les premiers salaires.
C’est ainsi que Ronaldo débarque à Cruzeiro à l’âge de 17 ans. Il faut un club avec une exposition médiatique, qui joue à un bon niveau, mais sans star pour que Ronaldo puisse prendre toute la lumière, Cruzeiro est donc le candidat parfait. Ronaldo inscrira 20 buts en 1993 et 24 buts l’année suivante. Si son équipe ne brille pas au niveau national, toute la presse n’a d’yeux pour ce jeune de 17 ans qui empile but sur but. Le plan des agents fonctionne à merveille, faire de Ronaldo un joueur capable à 17 ans de porter à lui seul son équipe. Ronaldo décroche ainsi une place dans la liste des 22 pour les États-Unis et deviendra champion du monde. Sa côte monte en flèche et c’est le moment idéal pour le duo Martins/Pitta, pour opérer un nouveau tournant à la carrière du jeune brésilien.
La découverte de l’Eredivisie
Piet de Visser a soufflé le nom de Ronaldo à ses dirigeants qui ont eux-mêmes pris contact avec le Cruzeiro et évidemment l’entourage du joueur. Une occasion en or pour ses agents puisque le PSV Eindhoven présente les même caractéristiques que Cruzeiro : un club médiatique, en manque de stars, qui a besoin de miser sur une jeune pépite qui aura du temps de jeu. Le duo Martins/Pitta peut même s’appuyer sur l’exemple de Romario, sorte de test grandeur nature pour dessiner le plan de carrière de leur jeune poulain. Le PSV débourse 6 millions d’Euros, une somme importante pour l’époque, compte tenu de la popularité encore faible du brésilien en Europe.
Ronaldo fait ses débuts officiels aux Pays-Bas le 28 août 1994 contre le Vitesse Arnhem et marque au bout de 9 minutes de jeu. Trois jours plus tard, il joue face aux Go Ahead Eagles et inscrit un triplé. Deux semaines plus tard, en C3 face au Bayer Leverkusen où il inscrit une nouvelle fois un triplé malgré une défaite 5-4. Après ce match, Rudi Völler déclarera qu’il n’avait jamais vu jouer un joueur de 18 ans à un tel niveau. Ronaldo marquera ensuite contre Dordrecht puis le Sparta Rotterdam et Heerenveen. Le 23 octobre, le PSV reçoit l’Ajax pour le choc au sommet face à une Ajax Amsterdam qui n’a toujours pas connu la défaite. C’est le 1er vrai test pour Ronaldo mais aussi pour l’Ajax. L’entraineur amsterdamois, a fait revenir au club une légende en fin de carrière, Frank Rijkaard, chargé d’encadrer une génération exceptionnelle : Edwin van der Sar, Michael Reiziger, les frères de Boer, Clarence Seedorf, Edgar Davids, Patrick Kluivert, ou encore Marc Overmars. Ce match est donc un choc attendu dans toute l’Europe, Ronaldo face à l’une des équipes les plus talentueuses du continent.

Tout le monde le sait, Ronaldo est dangereux balle au pied, la tactique de l’Ajax est simple, monopoliser le ballon en s’appuyant sur ses techniciens et ça paye d’entrée. Litmanen remonte le ballon, transmet à Ronald de Boer qui se lance dans une série de dribbles puis arme une frappe aux 20m qui surprend le portier d’Eindhoven. L’Ajax mène dès la 7e minute. Les amsterdamois ne relâchent pas la pression et à la 14e minute, ils récupèrent le ballon à la suite d’un bon pressing de Litmanen qui trouve Ronald de Boer, ce dernier centre pour Finidi George qui contrôle parfaitement le ballon mais c’est Edgar Davids qui arrive lancé et qui reprend de volée dans la surface, 2-0 pour l’Ajax. Le PSV ne voit pas le jour et le calvaire n’est pas fini. Quelques secondes après l’engagement, Davids par un pressing incessant pousse la défense d’Eindhoven à la faute et récupère une mauvaise passe en retrait au gardien, il n’a plus qu’à pousser la balle au fond. 3-0 après un quart d’heure de jeu, le PSV sombre à domicile. Les deux équipes regagnent le vestiaire sur ce score écrasant. Le PSV a tenté de relever la tête avant la pause mais n’a jamais pu se montrer dangereux, Ronaldo a été lui inexistant.

L’Ajax revient avec les mêmes intentions, pressing intense, conservation du ballon et jeu vers l’avant. Le 4e but est une véritable démonstration de la tactique mise en place par Van Gaal. Litmanen presse, récupère la balle et trouve Blind sur le côté gauche qui s’appuie sur Frank de Boer. Le stoppeur prend le temps puis allonge devant pour Van Vossen. Ce dernier se retrouve seul face au latéral droit Prommayon et l’élimine d’un petit pont. Il est alors complètement excentré côté gauche à l’entrée de la surface mais tente une frappe enroulée qui se loge dans la lucarne, un bijou. L’Ajax mène 4-0 sur le terrain de son ennemi juré. Les supporters commencent à quitter les travées du Philipps Stadion, ils vont pourtant rater le début du réveil de leur équipe. Alors qu’il errait sur le terrain comme une âme en peine, à moins d’une demi-heure de la fin, Ronaldo profite d’un ballon glissé dans le dos de la défense pour armer une frappe que va repousser Van der Saar. Quelques minutes plus tard, Ronaldo va intercepter une passe en retrait de Davids, il efface Rijkaard d’un crochet et profite d’un rebond causé par la pelouse grasse d’Eindhoven pour reprendre une sorte de demi-volée qui s’écrase sur la barre transversale. Opportuniste, rapide, technique, en quelques secondes il a démontré qu’il lui fallait très peu pour transformer un ballon anodin en occasion de but. À un quart d’heure de la fin, Nilis obtiendra un coup franc à l’entrée de la surface de l’Ajax. Il se fera justice lui-même puisqu’il enroule magnifiquement le ballon dans la lucarne de Van der Sar, 4-1. Ronaldo aura une dernière chance de se signaler en fin de partie, il récupère un centre aux 16m50, feint la frappe du gauche puis mystifie Reiziger d’un crochet extérieur et frappe fort mais il trouve sur sa route Van der Sar auteur d’une parade fantastique. Le score en restera là, Ronaldo a paru bien impuissant face à l’Ajax qui frappe un grand coup.
Ronaldo finira meilleur buteur du championnat avec 30 buts. Il illumine l’Eredivisie de buts plus impressionnants les uns que les autres, mais il ne marquera pas contre l’Ajax. L’Ajax qui finira la saison invaincu en championnat et qui réalisera un doublé historique championnat-Ligue des Champions. Ronaldo ne marquera donc pas contre la meilleure équipe d’Europe durant la saison 1994/1995 et cela témoigne des limites de la stratégie de ses agents. Ronaldo est la seule star mondiale de l’effectif du PSV, cela suffit pour atteindre le podium du championnat, mais pas pour battre les meilleurs. Il ne peut à lui tout seul sublimer un effectif limité, mais le but n’est pas là. Alexandre Martins et Reinaldo Pitta le savent pertinemment, ils ont placé leur poulain au PSV pour qu’il marque et non pour qu’il gagne des titre. Cela peut paraitre paradoxal mais c’est pourtant la stratégie mise en place, à l’heure du football moderne, une carrière ne s’écrit pas au sein d’un collectif. Personne ne doit faire de l’ombre à Ronaldo et le prix à payer pour cela est l’absence de titre.
Transformer Ronaldo
Le plan marketing de l’enfant prodige est respecté à la règle. Ronaldo est en Europe, il est dans le club idéal, il est une star, empile but sur but, il faut désormais le préparer pour l’étape suivante : un top club européen. L’Eredivisie est considéré comme un championnat de seconde zone en Europe, le niveau y est bon mais à des années lumières des championnats italien, espagnol ou anglais. Si Ronaldo veut rejoindre un club dans l’un de ces prestigieuses ligues, il doit s’y préparer et cela passe par une transformation physique. Rappelons que lors de son arrivée aux Pays-Bas, Ronaldo est un joueur très frêle, 1m83 pour 75kg. Le choc risque d’être rude face aux défenseurs expérimentés. Il doit prendre de la masse musculaire et c’est ici le début de la part d’ombre de l’histoire du prodige brésilien. Si cela n’a jamais été admis publiquement, de nombreux témoignages se recoupent. Un médecin brésilien du nom de Bernardino Santi est formel, au PSV, Ronaldo a commencé à tourner à la créatine et aux stéroïdes. Il poursuit dans une interview donné au journal Folha de Sao Paulo, le 15 décembre 2008 :
« Les stéroïdes provoquent des lésions structurelles des organes, de la musculature. En principe, il existe un gain en qualité, en force et en puissance, mais après, ça se détériore ».
Le dopage est un sujet sensible aux Pays-Bas. L’Eredivisie avait déjà été frappé par un énorme scandale dans les années 80, scandale qui avait couté sa place à Clemens Westerhof, futur sélectionneur des Super Eagles du Nigéria. Le PSV aurait donc couvert les agissements des médecins travaillant avec Ronaldo. La saison suivante, Ronaldo va commencer à souffrir d’une tendinite chronique du genou gauche, une blessure qui nécessite normalement seulement une longue période de repos, mais Ronaldo fait le choix de l’opération. On lui aurait détecté la maladie d’Osgood-Schlatter, usure de la zone d’attache du tendon rotulien à l’extrémité haute du tibia. Il ne joue que 13 matchs et le choix de l’opération interroge. Beaucoup y voit la patte de ses agents qui forcent Ronaldo à l’opération pour qu’il arrive en pleine forme en fin de saison, début de la période des transferts. Mais avec le recul, cette opération fût certainement une étape décisive dans sa carrière. Reprenant la compétition en fin de saison comme ses agents le souhaitaient, Ronaldo prend des anti-inflammatoires à la suite de son opération, à cela s’ajoute la créatine et les stéroïdes l’aidant à développer sa masse musculaire. Voici un cocktail explosif qui finira par avoir la peau du genou du Fenomeno.

À la fin de la saison 1995/1996, après un petit bras de fer le PSV, Ronaldo suit le plan à la lettre et signe au FC Barcelone, devenant au passage le transfert le plus cher de l’histoire à l’époque. Il y inscrit 47 buts en 49 matchs et remporte la Coupe des vainqueurs de coupe. Il décroche le Ballon d’or, devient l’égérie de Nike, Ronaldo est au sommet. Le titre échappe au Barça pour seulement deux petits points. On pense Ronaldo enfin installé où il doit être, mais ce n’est pas assez pour ses agents qui rejettent la revalorisation du contrat des catalans. Au bout d’un an, Ronaldo quitte les Blaugrana et rejoint l’Inter. On comprend que Ronaldo n’a pas vraiment sa carrière entre les mains, il est une bête de foire devant faire le show sur le terrain pour que son entourage puisse s’enrichir. Ronaldo en avait-il seulement conscience ? C’est une vraie question. Tout était écrit, il devait guider le Brésil au titre suprême en 1998, mais la France se mettra sur sa route. Seulement la France ? Non, car il y a évidemment eu le mystérieux épisode du malaise du n°9 brésilien avant la finale. Dans un ouvrage paru en 2010, intitulé Dopage dans le football, Jean-Pierre de Mondenard avance une hypothèse :
« Il souffrait des genoux depuis le début du Mondial et le staff médical lui faisait des infiltrations pour qu’il puisse jouer malgré son handicap. De plus, ce genre de produits contient un anesthésique qui peut, s’il est injecté en partie dans un vaisseau sanguin, provoquer un choc avec perte de connaissance pouvant passer pour une crise d’épilepsie ».
Ronaldo ne pouvait se détourner du plan écrit pour lui, il devait impérativement jouer, au point de mettre sa vie en danger. L’année suivante ses blessures aux genoux deviennent récurrentes jusqu’à ce terrible soir de novembre 1999 où son genou le lâche pour de bon, rupture du tendon rotulien. La plan de carrière, mine d’or sans fin pour son entourage vient d’avoir raison de l’enfant prodige qui va connaitre une longue traversée du désert.
Son héritage
Ronaldo a fait entrer le football dans une nouvelle ère alliant puissance, vitesse et technique. Il a subjugué les observateurs mais aussi ses adversaires. Pour exemple Fabien Barthez qui a déclaré en 2008 à l’Équipe : « C’est l’attaquant le plus fort de ces vingt-cinq dernières années. De lui, je craignais tout parce qu’il était capable de tout : frapper fort, piquer le ballon, feinter, dribbler et tout cela à une vitesse et une protection de balle… Avec Ronaldo, ça allait très vite ». La même année, Thuram avançait lui que Ronaldo était le meilleur de sa génération, un ton au-dessus de Zidane. Il fût l’idole des grands attaquants d’aujourd’hui de Zlatan à Benzema.

Ronaldo a laissé une trace indélébile malgré ses nombreuses blessures. Et si ? Et s’il n’avait pas été si souvent blessé ? Et si on ne s’était pas servi de lui comme une poule aux d’or ? Les agents de Ronaldo seront d’ailleurs condamnés en 2003 pour blanchiment d’argent, ils avaient mis en place un système d’emplois fictifs pour faire sortir illégalement des devises du pays, emplois fictifs dont a bénéficié la mère de Ronaldo… L’argent avant l’homme, c’est bien ce qui a empêché Ronaldo de devenir un joueur inégalable. Si sa carrière en dents de scie laisse quelques regrets, il ne faut pas oublier qu’il compte à son palmarès deux Copa America, une Coupe des Confédérations, une Coupe des vainqueurs de coupes, une Coupe de l’UEFA et un championnat d’Espagne. Mais surtout, il aura gagné deux Coupes du Monde dont l’une où il portera son équipe au sommet, en 2002. On le croyait perdu pour le football mais il s’est relevé à temps pour l’un des plus beaux comeback de l’histoire du sport. En 2002, pour la première fois, il a paru humain. Il n’était plus l’enfant prodige dont on peut tout espérer, il fut un héros grec, blessé, doutant mais triomphant. Pour la première fois, son destin lui appartenait.
L’enfant prodige à l’heure du football moderne est un mythe, un mythe vendeur. Il faut savoir le marketer, construire sa légende. Ronaldo en est le parfait exemple. Il illustre à lui seul les espoirs, les succès et les excès. Beaucoup sont aujourd’hui présentés comme prodiges mais ils n’ont pas le talent de Ronaldo. D’autres s’en sont approchés mais ont sombré dans les excès. Tout cela les clubs le savent très bien mais sur 100 pépites, si 99 n’y arrivent pas, on ne parlera que de celle qui emporte tout sur son passage. L’enfant prodige est un mythe destructeur, autant pour lui que pour les autres.
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